AMD lance les Ryzen 6000HS avec circuit graphique RDNA2

La gamme mobile d’AMD évolue avec le lancement officiel des circuits Ryzen 6000HS dans une toute nouvelle gamme de portables.

AMD a annoncé en début d’année une nouvelle gamme de processeurs Ryzen 6000HS pour machines mobiles au sein de deux gammes distinctes. Les U-Series de 15 à 28 watts et les H-Series de 35 à 45W+. Présents dans cette seconde gamme de processeurs, ces séries « HS » viennent d’être officiellement lancées.


Les nouveaux Ryzen 6000HS vont débarquer dans une nouvelle galaxie de machines mobiles signées Acer, Asus, Alienware et Dell, HP, Lenovo, Razer et bien d’autres. Une gamme de solutions  allant du PC ultrafin qui se contentera de son très bon circuit graphique RDNA2 embarqué, à des engins plus musclés qui accompagneront les processeurs de puces graphiques externes.

La gamme de Ryzen 6000HS est composée de quatre puces en Ryzen 5, Ryzen 7 et Ryzen 9. Ils exploitent l’architecture Zen 3+ d’AMD et leur  circuit graphique est d’architecture RDNA 2. Ils sont tous gravés en 6 nanomètres. La gamme est composée ainsi :

  Cores / Threads Fréquences Base / Max Cache L2 + L3 Coeurs et Fréquences GPU TDP
Ryzen 9 6980HS 8 / 16 3.3 GHz / 5 GHz 20MB 12 / 2.4 GHz 35W
Ryzen 9 6900HS 8 / 16 3.3 GHz / 4.9 GHz 20MB 12 / 2.4 GHz 35W
Ryzen 7 6800HS 8 / 16 3.2 GHz / 4.7 GHz 20MB 12 / 2.2 GHz 35W
Ryzen 5 6600HS 6 /12 3.3 GHz / 4.5 GHz 19MB 6 / 1.9 GHz 35W

Les premiers retours de ces puces Ryzen 6000HS ont lieu principalement grâce à deux machines signées Asus et Acer. Le Asus ROG Zephyrus G14 et la dernière fournée du Acer Nitro 5. Les tests de ces nouvelles machines devraient bientôt arriver et nous donneront une bonne idée de leurs capacités. 

Les premiers constats risquent toutefois d’être assez amers puisque le gain en performances sera sans doute assez léger par rapport à la génération précédente de Ryzen 5000. On parle d’une évolution inférieure à 10% en terme de performance brute. C’est peu mais cela cache un détail assez important, l’efficacité énergétique est meilleure sur cette génération de puce. Ce qui veut dire que vous n’aurez certes pas une évolution monstrueuse de vos performances mais une meilleure gestion de celles-ci et une plus vaste autonomie de l’ensemble. Et cela sans compter le passage d’un circuit graphique Vega au RDNA2 sur ce type de gamme mobile. Les Ryzen 6000HS disposent de 6 à 12 cœurs graphiques avec des fréquences assez élevées qui leurs donnent un vrai bonus de performances.

Mais la vraie particularité de ces Ryzen 6000HS vient de leurs limitations. Ce sont tous des processeurs en 35 watts de TDP. Une consommation techniquement très intéressante et relevée depuis des années par Intel dans ses puces Core de séries T. Une dépense qui vise le mobile et les machines très compactes comme les MiniPC. Des processeurs plus faciles à discipliner en terme de chaleur mais proposant d’excellentes performances malgré tout. On profitera ici de toutes les nouveautés d’AMD : une architecture Zen 3+ qui embarque un circuit graphique RDNA 2. Le tout laissé aux bons soins de fabrication de TSMC et de ses lignes de production 6 nanomètres.

Le but avoué d’AMD avec cette gamme Ryzen 6000HS est de trouver le meilleur ratio entre performance et autonomie, le Saint Graal en mobilité. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la marque a su trouver un équilibre assez impressionnant entre les deux postes. Pour AMD le concurrent direct du Ryzen 9 6900HS chez Intel semble être le Core i9-12900HK, une puce au TDP de 110 watts. Alors soyons d’emblée très clair sur ces TDP, ni AMD ni Intel ne respecte vraiment la valeur réelle de ces indications. Il s’agit d’enveloppes définies de manière assez impérieuse et qui sont régulièrement dépassées par les deux processeurs suivant la configuration dans laquelle ils sont implantés. Ainsi la puce d’Intel ne restera pas du tout à 110 watts de consommation en permanence mais établira d’elle même un TDP en fonction du besoin en ressources de ce qu’on lui demande et des impératifs techniques de son environnement : chaleur dégagée et ressources en autonomie. Ces 110 watts de TDP peuvent être vus comme un maximum de consommation sur une machine mobile. Chez AMD c’est le même scénario, un engin sédentaire, branché sur secteur et posé sur un poste ventilé aura un comportement très différent en mode mobile. Les TDP, et donc la réserve de watts disponibles pour alimenter les processeurs, variera amplement.

Et tout l’effort mené par AMD pour ces Ryzen 6000HS a été de trouver le meilleur développement de performances sur les TDP les plus bas, les plus utiles en mobilité. La marque l’indique elle même, en 35 watts comme en 45 watts, 25 watts ou 15 watts, les machines équipées de ces processeurs seront parmi les plus performantes du marché. Et cela en partie parce que les puces d’AMD sont équipées uniquement de cœurs haute performances et non pas d’une solution Hybride comme celle d’Intel.

Il faudra évidemment juger sur pièces mais les premiers indices laissent penser que cette solution est plus compétente sur les TDP les plus faibles. Nous auront probablement le loisir de juger sur pièces, la marque indique que plus de 200 machines sous Ryzen 6000 – toutes références confondues – sont dans les cartons des constructeurs.

Parmi ces références donc, des modèles de portables sous Ryzen 6000HS qui visent un des poste clé du marché actuel : des machines relativement fines et légères, suffisamment performantes pour piloter des jeux modernes, des applications créatives mais en deçà des solutions les plus rapides qui ne touchent pas la majorité du public. AMD vise clairement un segment très porteur de l’offre actuelle en matière de PC Portable. Il a donc créé cette gamme de puce pour y répondre le mieux possible. De cette nouvelle gamme, qui devrait être disponible aux mois de mai/juin prochain, on devrait espérer non seulement des performances mais également des services et de l’autonomie. Deux modèles ont déjà commencé a apparaitre avec un Asus ROG Zephyrus G14 2022 qui embarque une Ryzen 9 6900HS et un Acer Nitro 5 sous Ryzen 7 6800HS.

Le changement de finesse de gravure explique en partie l’évolution des performances de ces puces. Le passage d’un mode de gravure de 7 nanomètres à 6 nanomètres offre à cette gamme une augmentation de 18 % de la densité des processeurs. Et cela sans avoir a changer la puissance nécessaire pour les faire fonctionner. Cette évolution additionnée à d’autres postes comme l’évolution vers de la mémoire vive DDR5 et l’ajout d’un nouveau circuit graphique RDNA2, pousse plus avant les capacités de ces modèles.

Cinq points ont été optimisés par la marque de manière a augmenter la performance par watt des puces proposées. C’est un élément essentiel a comprendre pour vraiment saisir cette gamme. AMD n’a pas forcément cherché a faire plus rapide que l’ancienne génération de puces sur tous les postes mais a proposer au moins aussi bien pour moins de consommation en énergie. Ce qui suppose une chauffe moins importante, moins de bruit et une meilleure autonomie pour le même résultat.

L’architecture du processeur nous montre le détail des changements effectués par AMD. On remarque par exemple l’arrivée d’une gestion très différente de la mémoire vive avec le passage vers la DDR5-5200 et LPDDR5-6400. Celle-ci communique désormais via un double contrôleur 128 bits. Pas moins de quatre contrôleurs 32 bits se combinent pour améliorer le dialogue avec la puce. La partie graphique des processeurs en profitera et le circuit RDNA 2 tirera partie de cette bande passante également. Le contrepoint de ce choix technique des Ryzen 6000 sera une augmentation du prix des engins face à des solutions en DDR4. Un élément qu’il faudra tempérer par la pérennité de ces offres dans le temps.

L’optimisation de la finesse de gravure a également permis à AMD de mieux employer l’espace disponible sur ses puces. Cela passe par une optimisation du placement des transistors et de leur vitesse en fonction des besoins de chaque zone. 50 nouvelles fonctions ont été ajoutées dur cette génération Rembrandt et des efforts supplémentaires ont été portés pour améliorer la consommation électrique. De quoi assurer une meilleure autonomie mais également proposer une plus grande tenue des hautes fréquences de ces processeurs.

Une fonction intéressante est également proposée avec le PC6 Restore. Une fonctionnalité qui permet d’accélérer matériellement la restauration de session après une mise en veille profonde. La marque déclare que cette fonction sera désormais quatre fois plus rapide qu’avec un processeur AMD Cézanne. Un détail pas si anodin car cela proposera un travail en saut de puce où on n’hésitera plus a mettre en veille sa machine si on est sûr de pouvoir la retrouver prête à l’emploi en un instant.

Autre point clé, l’arrivée du CPPC qui va permettre aux systèmes d’exploitation de confier des tâches à des coeurs spécifiques. Une fonction clé pour gérer aux mieux les besoins du système et des programmes. Sur un Ryzen 6000, seuls deux coeurs peuvent prétendre à la fréquence de Boost maximale. Sur un Ryzen 7 6800HS par exemple, le système fonctionne de 3,2 à 4,7 GHz sur 8 coeurs mais seuls 2 coeurs dur les 8 peuvent fonctionner à 4,7 GHz. Il sera inutile et contre productif de donner les tâches les plus ardues à des coeurs cadencés à 3,2 GHz pendant que des tâches plus simples seraient traitées par les coeurs les plus rapides. Avec le CPPC l’ensemble sera directement harmonisé au mieux. Bien d’autres optimisations ont été intégrées aux processeurs, en particulier en terme de gestion de la mémoire cache disponible. De nouveaux postes sont visibles dans le schéma de ces puces avec en particulier l’apparition de la solution de sécurité Microsoft Pluton. Un co-processeur TPM 2,0 qui protégera au mieux votre machine contre les intrusions locales et toute installation de programmes vérolés. Cette technologie assurera également la distributions de mises à jour logicielles certifiées.

Cet ensemble de modification ne changera toutefois pas spécialement la donne d’un point de vue performances pures entre les Ryzen 5000 et ces nouveaux modèles. En réalité le choix fait par AMD est légèrement différent d’une course à la performance brute. Face à un processeur Intel Core-H de 12e Gen il est même possible que les puces Ryzen 6000 soient moins bien positionnées par défaut. Mais dès que l’on réduit les watts disponibles pour les puces des deux fabricants la solution d’AMD devrait être plus efficace. Peut être pas de la manière dont AMD les annonce, avec des chiffres parlant de plus de 2,62 fois plus efficaces, mais très certainement à son avantage.

En clair, dans un scénario d’usage de portable en mobilité, avec une puce bridée en 35 watts pour économiser de l’énergie, les solutions AMD Ryzen 6000HS seraient finalement plus rapides. Une fois de retour en mode sédentaire, ce seraient les Core d’Intel qui reprendraient l’avantage. Peut être une question de philosophie d’usage pour l’acheteur. Savoir si on va lancer une opération très gourmande en mobilité tout en sachant qu’on perdra alors pas mal de performances et d’autonomie ou si on réservera ces usages en mode sédentaire ? Ou bien  choisir de garder la possibilité de trouver le meilleur ratio performances / autonomie à l’usage avec une puce finalement plus musclée au quotidien lorsque l’on est loin d’une prise de courant ?

Autre point clé de l’offre d’AMD, le RDNA2 qui semble offrir des capacités étonnantes au Radeon 600M embarqué. AMD le positionne loin devant l’Intel Iris Xe et même le rapprocher à un cheveux d’une solution mobile Nvidia GeForce RTX 1650.

On est dans tous les cas loin de l’offre passée d’AMD qui avait très peu d’outils pour venir se battre contre un Intel omniprésent sur les solutions à faible TDP. Avec les Ryzen 6000HS et les 6000 en général, la marque se positionne désormais comme une alternative très crédible. Le marché ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Il est loin le temps où AMD n’apparaissait que dans quelques références anecdotiques et rarement disponible. Désormais les puces Ryzen font largement jeu égal avec les Core et, force Intel a se réveiller.

Quoi qu’il en soit ces Ryzen 6000HS semblent être la meilleure solution jamais proposée par AMD pour construire des engins mobiles et compacts, performants et autonomes mais également des MiniPC de nouvelle génération. Les Ryzen 6000-U et 6000H/HX ont également d’énormes potentiels sur le segment mais ils s’adressent à d’autres formes de machines.

AMD Ryzen 6000, du silicium neuf pour machines mobiles


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9 commentaires sur ce sujet.
  • 22 février 2022 - 10 h 37 min

    Cela augure du meilleur si ces puces sont intégrées dans les Thinkpads de série E. Je suis très content de mon E14 tournant sur un Ryzen (trouvé indirectement grâce à Minimachines), l’autonomie est son seul défaut (je dirais que je tourne au mieux du mieux à 8h sans faire attention, moins en sollicitant beaucoup la machine, et c’est en tout cas trop court pour une journée de travail + transports)

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  • gep
    22 février 2022 - 13 h 27 min

    J’aimerais beaucoup voir sortir un Tuxedo Pulse 15 (grosse batterie, silencieux) avec un tel proco

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  • 22 février 2022 - 16 h 19 min

    Un mini PC avec le 6600U me suffirait amplement.
    Suivant le prix, bien entendu.

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  • 22 février 2022 - 22 h 04 min

    Hello, merci énormément de ta vulgarisation, j’ai pu comprendre pas mal de concepts c’est super de te lire. Ils ont l’air très impressionnants ces APU ! HP est à suivre, ils ont pas mal mis en avant les AMD dans des machines très sobres, orientées pro, j’ai beaucoup aimé.

    Et qui sait, un netbook issu d’un grand constructeur (AZERTY), digne successeur des AMD Zacate ? ^^

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  • JB
    22 février 2022 - 22 h 28 min

    Les évolutions de processeurs en cours sont passionnantes, ça bouge bcp depuis qu’AMD est revenu dans la course. Et quel plaisir de voir que la course absolue à la performance devient une course à l’efficacité (par W et par mm² de puce). Les prochaines générations de machines vont être dingues et durables.

    De nouvelles possibilités fanless devraient logiquement également voir le jour avec des sauts de performance assez incroyables.

    Merci pour cet excellent article Pierre,
    JB

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  • 23 février 2022 - 0 h 58 min

    Super article, merci beaucoup !

    J’ai hâte de voir les premiers retours sur les Ryzen 9, moi qui cherche depuis longtemps un PC portable léger, autonome et *relativement* puissant, ça devrait être bien plus intéressant pour mon usage que les Core i9 d’Intel si les promesses sont tenues.

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  • 25 février 2022 - 11 h 55 min

    Très bonne nouvelle, hâte aussi de voir la suite
    Merci pour l’info.

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  • 14 mars 2022 - 7 h 12 min

    Dommage les perfs 3D vont rester très limitées.
    Ils auraient dû échanger 4 cores CPU pour 12 cores GPU.
    Ou faire une puce un peu plus grosse avec 24 ou 32 cores GPU (au prix d’un TDP un peu supérieur).

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  • 14 mars 2022 - 11 h 32 min

    Cette remarque me semble mal informée :
    D’abord la dissipation thermique et la consommation électrique des processeurs établissent les formats possibles (portable, tablette, box, tour, AOI etc…) des ordinateurs les intégrant ; je considère que ces volumes constituent le principal critère de différenciation à la vente proposés aux consommateurs de nos jours.
    Pour les tâches actuelles, les processeurs Ryzen 6xxxHS poussent les performances orientées vers les activités graphiques en 3D ludiques ou professionnelle plus que la concurrence : Tiger Lake-H35 ou U, Alder Lake P ou Alder Lake U ; et cela fonctionne pour presque toutes les taches jusqu’en 1920×1080.
    À contrario, ces processeurs sont dépassés par les Alder Lake dans la performance ou l’efficience énergétique pour l’exécution des taches classiques ou spécifiques (encodage/décodage video).
    Au-delà, les performances graphiques (ou des calculs simples, répétitifs…) sont capées par les performances des accès mémoires (largeur de bus, fréquence de transfert des puces) ; ces aspects sont énormément consommateurs en énergie et posent des problèmes aux cartes-mères (complexité->coût). Ce n’est donc pas la cible de marché de ces processeurs dont les géniteurs, pour des solutions plus performantes, lâchent la bride de la consommation énergétique, à efficience énergétique et recommandent l’usage de processeurs généraux et graphiques indépendants et très performants dotés de mémoires dédiées.
    À noter cet aspect a été partiellement contourné par Apple avec ses processeurs M1: ils intègrent dans la puce un nombre de contrôleur mémoire proportionnel à la puissance des processeurs et incluent dans le module M1 les puces mémoires. Ainsi Apple déplace le problème : l’entreprise propose une solution novatrice, chère et performante et elle limite la flexibilité pour le consommateur et elle-même. Par le passé Intel proposa les processeurs avec Iris et Iris Pro, une solution avec de grandes similitudes. Une autre solution longtemps discutée serait l’emploi de la mémoire HBM comme mémoire unifiée (Xeon Phi) ou comme cache supplémentaire de grande taille dans la hiérarchie mémoire.

    Il faudra voir les prix mais les Ryzen 6xxxHS performants, sobres, risquent d’être très compétitifs.

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