Intel Alder Lake-HX : 16 coeurs et 24 threads pour machines mobiles

Intel a annoncé sa nouvelle gamme de processeurs Alder Lake-HX, les puces les plus puissantes jamais proposées par la marque pour l’univers mobile.

Plus le temps va passer et plus les machines mobiles offriront des performances suffisantes pour la très grande majorité des utilisateurs. C’est à vrai dire déjà le cas depuis quelques années mais avec les dernières sorties en terme de processeurs que ce soit chez AMD ou Intel, la tendance s’accentue encore. Le besoin d’acheter un PC de bureau s’efface petit à petit au profit d’engins portables jugés plus pratiques et moins encombrants.

Avec les Alder Lake-HX, Intel annonce une gamme de puces haut de gamme et performantes qui suivent cette logique du mobile qui peut remplacer un PC de bureau. Une machine qui pourra suivre son utilisateur durant de longues années sans qu’il se sente dépassé par les nouveautés logicielles à venir. Un détail que beaucoup d’acheteurs apprécient et recherchent pour investir dans une nouvelle machine. Certaines évolutions permettent d’être sûr d’acheter une machine apte a vous suivre, aussi efficaces en 2022 qu’en 2027 ou en 2032, et HX en fait probablement partie.

Et c’est important de le rappeler car le tarif de ces puces ne devrait pas être des plus faciles à accepter. La grande question sera alors de savoir si cela vaut plus le coup d’investir dans un portable Alder Lake-HX en se disant que cela permet de profiter d’une machine pour 5 ou 10 ans sans soucis. Ou bien préférer un engin un peu moins rapide mais qu’on changera dans ce même temps pour une version mise à jour.

Alder Lake-HX : La recette musclée d’Intel

La douzième génération de processeurs de la marque a été lancée totalement en réaction au succès des puces AMD. Après avoir  viré un boss un peu plus occupé par les actionnaires que par la Recherche & Développement, Intel s’est retroussé les manches et a mis les bouchées doubles pour imaginer des solutions concurrentes. Alder Lake est la réponse d’Intel avec le lancement d’une solution multicoeurs mélangeant des éléments Performance estampillés P et d’autres plus Efficaces que l’on désigne avec la lettre E. Trois gammes ont déjà été lancées en janvier dernier avec les Alder Lake-U et -P pour les machines mobiles les plus légères et les -H à destination des machines de créateurs et des joueurs.

Les dernières productions de la marque dans ce sens sont donc les Alder Lake-HX. Des processeurs conçus pour proposer encore plus de performances avec, comme toujours, la bonne vieille recette d’une multiplication des cœurs et d’une augmentation des fréquences.

Le problème de cette solution, c’est qu’elle a une légère tendance à consommer beaucoup d’énergie. Multiplier les cœurs, sur le papier c’est assez facile. On agrandit les DIE des processeurs, on augmente leurs capacités, leur mémoire et on compte sur un bon gros ventilateur pour assumer toute la chaleur qu’il dégage. Cette solution fonctionne bien sur un PC de bureau, beaucoup moins dans la contrainte d’espace d’un portable. Si Alder Lake-HX est issu des solutions de bureau du fondeur, et Intel ne s’en cache d’ailleurs absolument pas, il a été pensé pour correspondre aux impératifs du monde portable avant tout.

Les puces Alder Lake-H étaient ainsi limitées à un TDP de 45 watts, ce qui est relativement facile à encaisser pour une machine mobile. Avec Alder Lake-HX, Intel s’autorise 10 watts de plus. Ce ne sera pas anodin en terme de dissipation et les solutions des constructeurs auront tout intérêt à être réglées au millimètre pour encaisser ces 55 watts correctement. Si ce n’est pas un TDP trop éloigné des solutions actuelles, le profil de ce type de portable, accueillant les futurs HX, ne sera évidemment pas le même que les machines ultraportables dans lesquelles on retrouvera des puces U ou P de la 12e Gen. 

Intel vise ici les pros, les scientifiques et statisticiens, les monteurs vidéos, les créatifs de tous poils et les joueurs invétérés. Ceux qui vont rechercher des performances brutes assez lourdes pour faire face à des tâches complexes demandant assez de poumon de calcul pour ne pas étouffer. Cela veut dire des engins à la carcasse plus épaisse, des machines plus lourdes et probablement des diagonales assez conséquentes. On ne trouvera pas de HX dans des ultraportables hybrides et autres, ce seront plutôt les 15-16 et 17 pouces qui seront à la fête.

Et cela semble logique puisque le TDP annoncé est celui retenu par Intel parce que c’est son état moyen de fonctionnement. Les puces seront capables de descendre beaucoup plus bas en employant qu’un seul de ses cœurs E pour des tâches subalternes comme lire de la musique ou ramasser un email qui traine. Mais le TDP maximal qu’elles pourront atteindre en mode Turbo, quand elles donneront toute leur puissance, pourra grimper à 157 watts. Une augmentation beaucoup plus conséquente par rapport à la gamme précédente puisque les séries H actuelles ne dépassent pas 115 watts. Evidemment, ces chiffres ont des impacts sur l’intégration des engins mais également sur leur autonomie en mobilité. La batterie à prévoir pour ces modèles sera imposante et lourde pour un résultat plus moyen que sur les portables classiques. 

Mais en échange de ces éléments, la gamme proposera des puces capables d’aller très haut en performances. Avec l’emploi de solutions utilisant 8 cœurs P et 8 cœurs E en parallèle, contre 6 cœurs P et 8 cœurs E pour la série H, les puces pourront proposer jusqu’à 24 Threads. Pour garder ces processeurs relativement compacts, il a fallu faire un peu de « ménage » sur leur DIE et Intel n’y est pas allé par quatre chemins. Conscient que ce type de processeur serait proposé sur des machines disposant de solutions graphiques annexes, il a raboté les capacités de ses processeurs graphiques. On reste sur une solution Intel Xe mais avec 32 EU contre 96 pour les séries H. La logique est simple ici, avec un processeur de série H la machine peut être autonome sans avoir recours aux circuits de Nvidia, AMD ou même Intel avec ses puces ARC. Pour les séries Alder Lake-HX, il faut impérativement ajouter une de ces puces externes pour rester cohérent dans la construction d’un portable efficace. D’ailleurs Intel a ajouté une ligne PCIe Gen5 spécifiquement pour piloter des circuits graphiques externes tout  en  conservant les lignes PCie Gen3 ou 4 pour du stockage.

Dernier changement de taille pour ce modèle, le Thunderbolt 4 intégré dans la 12e Gen précédente disparait ici du processeur. Probablement là encore pour laisser la place d’ajouter les deux cœurs P supplémentaires du produit. Il sera donc possible de trouver des portables de ce type sans port Thunderbolt 4. Si la puce reste évidemment compatible avec deux lignes dédiées, elle ne le fait qu’au profit de contrôleurs extérieurs. Les constructeurs décideront donc si leur ajout – parfois couteux – est nécessaire pour la construction de l’engin. La place disponible sur les machines visées, assez encombrantes et épaisses, pouvant laisser la place à une connectique plus complète avec Ethernet, sortie vidéo et autres ports USB. Le recours au Thunderbolt sera probablement étudié au cas par cas.

Dans ce design présenté par Intel, on découvre un véritable réseau de caloducs dont le rôle est de distribuer la chaleur du processeur et du circuit graphique vers des ailettes qui seront ventilées de manière à repousser la chaleur vers l’extérieur. On découvre également pas moins de  quatre emplacements de SSD M.2 2280 NVMe PCIe Gen4. La mémoire vive enfin pourra grimper ici jusqu’à 128 Go avec l’emploi de 4 modules SoDIMM. La puce pourra accepter de la DDR4-3200 ou de la DDR5-4800 et la prise en charge de mémoire ECC pour les stations de travail de calcul scientifique est possible.

Face à la concurrence, Intel se pose en champion

Intel a présenté sa nouvelle gamme face à ses deux principaux rivaux que sont AMD avec ses Ryzen et Apple avec ses M1 mais aussi avec des processeurs Intel. Quatre puces ont finalement été choisies pour positionner l’offre HX. Le Ryzen 9-6900 HX d’AMD, Le M1 Max d’Apple et les Intel Core i9-11980HK et i9-12900HK. Face à eux, le nouveau Core i9-12900HX qui propose, selon Intel, de meilleurs résultats en single thread comme en multi thread. Ce graphique étant sorti des labos d’Intel et retravaillé par ses équipes de communication, il faut le prendre avec les pincettes de rigueur. Un détail qui ne doit échapper à personne est la consommation annoncée pour obtenir ces résultats. De 140 à 175 watts suivant les puces… Hormis le M1 Max dont Intel ne semble pas connaitre le TDP exact et qui doit tourner beaucoup plus bas, toutes les puces sont ici sous leur meilleur jour. 

Impossible de dire pour le moment que les nouvelles puces sont meilleures ou plus adaptées. Le graphique n’étant pas gradué ni marqué d’aucune manière, il est même possible qu’avec 140 watts le Ryzen 9 soit, au final, plus efficace que le nouveau HX… Si je ne doute pas de la performance des nouveaux HX, leur véritable potentiel sera à juger à leur sortie réelle avec des tests indépendants et en vraie mobilité comme sur secteur.

Minimachines-05-2022

D’autant que l’emploi du Benchmark Spec qui est une solution très ancrée dans le monde professionnel, reste sans vraie base de comparaison pour les utilisateurs classiques. 

D’autres tests sont proposés avec toujours un scénario identique : Le nouveau processeur est en haut, les autres puces sont en dessous. Blender sera peut être plus lisible pour certains mais les machines employées ne sont pas de même génération et on manque encore une fois de chiffres vraiment précis.

Un des points forts de la puce M1 Max est sans doute son comportement qui n’est pas altéré suivant sa source d’alimentation. Sur batterie ou sur secteur, la puce est toujours aussi rapide tandis qu’en règle générale les puces AMD et Ryzen ont tendance à s’effondrer une fois qu’elles sont débranchées d’une alimentation réseau. Il faudra également constater ce point en test réel pour se faire une véritable idée des compétences en mobilité de cette gamme.

Pour les joueurs, Intel propose un petit panneau résumant les résultats obtenus ave un i9-12900HX, 64 Go de DDR5-4800 et une puce graphique Nvidia GeForce RTX 3080 Ti. Pas la machine de monsieur tout le monde donc mais un engin haut de gamme aux capacités évidemment impressionnantes. Les scores sont à l’avenant avec des maxima impressionnants comme sous Rainbow Six Siege ou Hitman 3. Il va sans dire que le prix d’un engin de ce type ne sera pas forcément à la portée de tout le monde.

Alder Lake-HX : Le dernier wagon de la douzième gen

Cette gamme HX est la dernière de cette génération. Un wagon de queue intéressant et prometteur qui devrait permettre de concevoir des engins très haut de gamme avec des capacités de calcul étonnantes. Pas forcément les puces les plus adaptées à des minimachines mais un nouveau poids lourd sur le secteur qui pourrait bousculer le positionnement et les tarifs des gammes antérieures. Cela augure d’une treizième génération intéressante chez Intel qui va poursuivre ses efforts dans cet esprit de cœurs de différentes capacités.

La plupart des constructeurs se sont positionnés sur cette gamme avec en tête des cibles différentes. Dell, Lenovo et HP visant probablement le secteur des machines de travail avant tout, sans évidemment s’empêcher de penser aux solutions créatives et aux machines de jeu haut de gamme. MSI, Asus, Gigabyte et d’autres se pencheront probablement d’abord sur les segments porteurs que sont les portables créatifs et de jeu. Un challenge intéressant pour ces marques car si toutes vont partir avec des composants identiques, leurs traitements seront probablement assez distincts. Le but du jeu étant de résoudre l’équation difficile d’une machine certes puissante en calcul mais également autonome et, si possible pas trop bruyante.

Le travail mené par les différents constructeurs pour proposer des engins Alder Lake-HX relativement silencieux et dont l’autonomie reste convaincante est probablement le plus pertinent à suivre. Intel proposera sans doute ses services d’ingénierie pour concevoir ou améliorer des designs autour de ses puces mais le véritable gagnant sur ce type de gamme sera sans doute celui qui proposera la machine avec la solution la plus convaincante autour de la performance brute.


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6 commentaires sur ce sujet.
  • cp
    11 mai 2022 - 16 h 24 min
  • 11 mai 2022 - 17 h 45 min

    Merci pour cet article. C’est compliqué pour les utilisateurs avancés. Un pc avec carte graphique est sans intérêt car elle fait grimper le prix de la configuration inutilement. Par contre pour le boîtier, le nombre de connectiques, les emplacements ram et ssd… Les offres mobiles sont trop légères.
    De mon point de vu ce type de processeur n’est pas meilleur même dans une optique d’équipement sur 8-15 ans. Car o final la puissance brut sera toujours là mais les évolutions comme le TPM pour exploiter certains logiciels ne pourront pas être mis à jour.

    Répondre
  • 11 mai 2022 - 19 h 00 min

    « Les puces Alder Lake-H étaient ainsi limitées à un TDP de 45 watts, ce qui est relativement facile a encaisser pour une machine mobile. Avec Alder Lake-HX, Intel s’autorise 10 watts de plus. Ce ne sera pas anodin en terme de dissipation et les solutions des constructeurs auront tout intérêt a être réglées au millimètre pour encaisser ces 55 watts correctement. »

    J’ai du mal à imaginer qu’avec une augmentation de seulement 10 W, on passe d’une solution « facile à encaisser » à nue solution qui nécessitera d’être « réglée au millimètre ».

    Sinon très intéressant, j’ai hâte de voir les premiers PC à débarquer avec des puces-là correctement refroidies !

    Répondre
  • 11 mai 2022 - 21 h 35 min

    @Clément Nerma: Oh si, suivant l’épaisseur les enjeux de disspation ne sont pas du tout les mêmes. Surtout qu’ici on passe à un TDP Turbo très élevé.

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  • 13 mai 2022 - 1 h 11 min

    Pour l’autonomie, c’est toujours à prendre avec des pincettes dans l’environnement Intel.

    Comme les 9 heures d’autonomie revendiquées par ma Surface Go Core M3 qui, dans la vraie vie en naviguant et travaillant sur la machine, oscille entre 4 et 5 heures…

    Avec mon Macbook Air M1, les 15 heures donnent un 11h-13h nettement plus satisfaisant en déplacement.

    Mais je vois qu’Intel travaille d’arrache-pied.

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  • 13 mai 2022 - 10 h 21 min

    @Clément Nerma:
    J’insiste sur les points détaillés dans l’article :
    -ces processeurs, issu des Alder Lake-S pour les ordinateurs de bureau, n’intègre pas de concentrateur de contrôleur de la plateforme (PCH) : pas de Thunderbolt 4/USB intégré, pas de SATA, pas commutateur PCIe, pas d’interface HD-Audio, pas de SMI, pas de SPI… Comme tout cela est nécessaire pour le fonctionnement de la plateforme, il y a obligation de passer par un PCH externe avec les HM670 et WM690 qui rajoute 3,7W supplémentaire à dissiper sans avoir de Thunderbolt 4.
    -ils intègrent un processeur graphique limité mais avec un meilleur cadencement. Le marché cible annoncé de ces machines étant les stations de travail portable et les PC de jeux transportable 16′-17′, ils intègreront des puces graphiques externes ajoutant 25-85W de plus à dissiper.

    C’est aussi un état des lieux de la passe difficile que rencontre Intel ; pris en tenaille par AMD et Apple (le reste de la menace ARM pour les machines non-serveur ne semblant pas se matérialiser franchement), cette compagnie perd simultanément ses marges sur gamme et augmente lourdement ses investissements. Dès lors, ils semblent s’orienter sur un renforcement et une contention de leurs parts de marché et de leurs volumes ; cela en développant le maximum de niches valorisables. Le marché -les joueurs et des entreprises dans des départements spécifiques ici- décidera si ces produits sont intéressants. En terme de coût, ce sont des processeurs à cout marginal moindre pour Intel car il s’agit juste d’Alder Lake-S qualifié et trié dans cette gamme de performance; ils n’ont pas d’assemblage de puces à faire.

    Pour moi, c’est sans intérêt :
    -cela impose des systèmes de refroidissement impressionnants comme le montre la 2nde photo de l’article, où un MSI GT77 comporte 4 radiateurs, des caloducs et 4 ventilateurs pour refroidir le bousin. Il est à noter que les forums sont pleins de récrimination à l’encontre de précédente génération de ces machines concernant des problèmes de surchauffe pour les Dell série 7XXX (d’où la mémoire CAMM évoquée pour grapiller ce qui peut l’être), MSI GT7x etc…
    -ces machines offrent des capacités de performances en crête, très ponctuellement, très hautes. Mais les performances moyennes seront les mêmes que les machines en Alder Lake-H qui autorisent, elles, une fonction supplémentaire (Thunderbolt4), des formats plus réduits, et une efficience donc une portabilité bien plus grande : on a deux équations de dissipation thermique moyenne pour la plateforme : Alder Lake-HX au-delà de 120W, Alder-Lake-H de 50 à 120W.
    – tout cela signifie aussi des prix stratosphériques (1800-6000€) voire plus avec les problèmes d’offres qui s’agglutinent.

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