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Comment parler du dérèglement climatique à des enfants sans les traumatiser

Entre le rapport du Giec et les nombreux évènements extrêmes survenus cet été, les mauvaises nouvelles sur le climat submergent les enfants aussi. Comment aborder ces questions avec eux sans les affoler ? On fait le point avec une psychologue. 

Être un enfant en 2021, c’est grandir dans un monde où battre des records n’est pas forcément une bonne chose. Cette année, le mois de juillet a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre, d’après l’Agence nationale océanique et atmosphérique américaine. Cette actualité brûlante est survenue parmi d’autres évènements extrêmes comme des incendies, des sécheresses ou des inondations.

Toutes ces nouvelles sont le visage d’une réalité alarmante : celle du dérèglement climatique.  

Les dernières évaluations du Giec ne sont pas annonciatrices d’un avenir plus radieux pour les plus jeunes d’entre nous, au contraire. Le réchauffement de la planète pourrait atteindre le seuil de +1,5°C — fixé par les Accords de Paris pour le climat — autour de 2030, soit dix ans plus tôt qu’estimé.

Directement concernées, les jeunes générations s’inquiètent : plus de sept adolescents et jeunes adultes sur dix estiment que la crise climatique va nuire à leur génération, selon un sondage réalisé pour l’ONG américaine Kaiser Family Foundation et le Washington Post. Nul doute que les enfants finiront aussi par partager cette angoisse. 

Alors que faire ? Doit-on les avertir des dangers qui les attendent ? Comment leur expliquer ces phénomènes sans les traumatiser ? On fait le point avec Florence Millot, psychologue pour enfants et adolescents.

Ouvrir la discussion permet de rassurer

À moins d’être un ermite — et encore — le réchauffement climatique est un phénomène dont on entend parler constamment. Les enfants y sont confrontés via les enseignements dispensés à l’école, au travers de livres, de jeux, d’émissions de télé ou encore de vidéos sur les réseaux sociaux.

« Partout, on parle du climat et de son évolution. Cette réalité touche la jeune génération car elle les concerne directement. Pour cette raison, il est important d’en discuter avec eux afin de les rassurer et de les accompagner. »

Florence Millot, psychologue

L’experte distingue deux types d’enfants : ceux qui sont « dans leur bulle » et ne vont pas s’intéresser directement à ces questions et ceux qui vont avoir une grande sensibilité et curiosité sur le sujet.

« Dans les deux cas, ils risquent d’être confrontés à des informations médiatisées de manière trop crue. Le danger est qu’ils prennent ces discours d’adultes, souvent pessimistes, pour argent comptant et développent du stress, des angoisses. »

Florence Millot, psychologue

Alors autant prendre les devants.

Un discours adapté à l’âge de l’enfant

Une fois qu’on a décidé d’aborder le sujet du climat et de la fin du monde avec les enfants, il faut trouver les mots justes et adaptés à leur âge.

« Chez les petits, on parle de manière positive et on présente la planète comme quelque chose de précieux dont il faut s’occuper au mieux. On peut raconter des histoires pour les convaincre d’économiser l’eau pour d’autres enfants par exemple. »

Florence Millot, psychologue

En gros, la planète est notre maison, elle brûle, mais au lieu de regarder ailleurs. on va faire des gestes pour aider les autres habitants.

« Pas besoin de s’étendre sur la nature du problème. Les plus jeunes ont besoin de concret et de sentir un lien avec l’autre. »

Florence Millot, psychologue

À l’école, les enfants vont ensuite en apprendre davantage sur les causes du dérèglement climatique. Et parfois, c’est déprimant. Dans son cabinet parisien, Florence Millot voit passer beaucoup de jeunes patients affectés par les leçons qu’ils récitent mot pour mot : « Pour eux, c’est intéressant intellectuellement mais je vois bien qu’ils sont perdus et se sentent dépassés », confie la psychologue, qui ajoute :

« Au-delà de l’explication scientifique, il faut être dans une émotion positive et adopter un double discours. Oui, l’humanité doit faire face à un grand défi mais on n’a jamais autant communiqué ni autant été solidaires. »

Florence Millot, psychologue

On peut aussi visionner avec eux des vidéos plus spécifiques pour décortiquer, ensemble, un sujet et répondre à leurs interrogations. C’est l’occasion de leur apprendre à traquer les fake news et à diversifier les points de vue :

« On peut montrer à son enfant comment chercher et vérifier une information. C’est aussi intéressant d’aborder ces questions en groupe, en famille, pour donner à voir plusieurs manières de penser. »

Florence Millot, psychologue

Pour éviter l’angoisse, il faut agir !

Mis au parfum du futur pourri qui les attend, les enfants risquent de développer une angoisse spécifique qui touche aussi les adultes : l’éco-anxiété. « Toutes les personnes conscientes qu’il n’y a pas de planète B sont susceptibles de devenir éco-anxieuses et de se sentir acculées par l’absence d’alternative dans l’avenir », explique la docteure Alice Desbiolles dans son livre L’Éco-anxiété, vivre sereinement dans un monde abîmé.

Pour Florence Millot, comme pour Alice Desbiolles, le meilleur moyen de contrer cette angoisse est d’agir.

« La planète pour un enfant, c’est loin, c’est vaste. Si on le fait agir sur son environnement proche, ça lui permet de prendre conscience du problème tout en ayant une prise sur ce qu’il se passe. »

Florence Millot, psychologue

Concrètement, on peut lancer des petits défis à la maison comme remplacer le vilain Nutella par une pâte à tartiner éthique, ou alors emmener ses enfants au magasin en vrac, faire des sacs de vêtements à donner… Les possibilités sont multiples !

Se reconnecter à la nature et aux autres

Agir dedans c’est bien, mais dehors, c’est encore mieux ! « Nous élevons la génération d’enfants la plus coupée des environnements naturels que l’humanité ait connue », s’inquiétait la docteure Alice Desbiolles, dans un article publié par Les Échos.

De la simple promenade au parc jusqu’aux colonies de vacances écolos, il y en a pour tous les goûts et les budgets quand on veut reconnecter ses marmots à Dame nature.

« Même en ville, il y a des fermes pédagogiques. Il ne faut pas hésiter à se renseigner sur les actions de sa commune et du tissu associatif. »

Florence Millot, psychologue

Car on n’est pas obligé de tout faire soi-même ni de prendre en charge, seule, cette éducation à l’environnement — coucou la charge mentale de l’écologie… A fortiori si on est soi-même angoissé par le sujet.

« Les enfants, comme les grands, ont besoin de s’entourer », commente la psychologue. L’appel est lancé : éco-anxieux de tous les pays, unissez-vous !

À lire aussi : J’ai eu un enfant en pleine crise écologique, et je ne le regrette (presque) pas

Crédit photo : Юлія Дубина / Unsplash


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Les Commentaires

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Avatar de Nine-V
18 août 2021 à 13h08
Nine-V
C'est là que je suis particulièrement contente de ne pas avoir d'enfant, et que je plains sincèrement ceux qui en ont et qui développent de l'éco-anxiété : devoir gérer la peur du noir ou de l'eau, c'est pas simple mais c'est classique. Devoir gérer une potentielle fin du monde (pour reprendre le titre de l'article présentant le rapport du GIEC), c'est sans précédent et terrifiant pour tous.
A mon petit niveau et autour de mon petit nombril, je me dis déjà que je n'aurais pas de retraite (dans le sens où, en 2050, je n'aurai pas l'âge de la retraite, sans même compter les réformes qu'il y aura d'ici là), du moins pas une retraite sereine comme a pu l'avoir ma grand-mère par exemple. Je cherche des solutions pour m'en sortir pas trop mal : à ce jour, à part le suicide à 60 ans, je n'ai pas encore trouvé (oui je suis optimiste ).
Les conseils de la psychologue aideront, je l'espère, des parents démunis face aux angoisses inédites de leurs enfants Courage à tous et... bonne retraite
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