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école informatique féministe Ada Tech School
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« C’est tellement gratifiant » : trois futures développeuses témoignent

Nous avons rencontré trois étudiantes de Ada Tech School, une école informatique féministe aux valeurs inclusives, qui repense l’apprentissage du codage. Cet établissement créé par des femmes est situé à Paris et est accessible à toutes et à tous.

Dans l’inconscient collectif, le milieu de la tech et de l’informatique est un monde masculin plein de clichés, réservé à des matheux avides de pouvoir qui s’amusent à créer des bugs informatiques sur leur temps libre. Mais nous ne sommes pas dans un film ! Et parmi toutes les idées reçues, levons-en une : oui, il y a aussi des femmes développeuses, même si la parité dans le milieu n’est pas encore atteinte.

Pour faire avancer les choses, des solutions existent, comme Ada Tech School : une jeune école de code créée par des femmes pour rendre l’informatique accessible à toutes et à tous, en déconstruisant les stéréotypes !

Moins de femmes dans la tech, pourquoi donc ?

Selon une étude menée par le cabinet d’étude Global Contact en 2019, le nombre de femmes diplômées de la tech (enseignement supérieur, numérique et ingénierie) a baissé de 6 % en France, passant de 35. 746 à 33 .709 entre 2013 et 2017 — une diminution qui proviendrait « de la chute de la proportion de femmes dans les cycles courts […] et la stagnation ou la légère diminution observée au niveau des maîtrises ».

Pourquoi un taux déjà bas diminuerait-il encore en France ? Eh bien avant tout à cause du manque d’information sur le domaine. Ce n’est pas un parcours vers lequel les filles sont poussées durant leur scolarité ; d’ailleurs, les trois femmes que nous avons interviewées ont toutes commencé des carrières dans différents domaines avant de se reconvertir !

Noémie, 33 ans, bretonne d’origine, est par exemple venue à Paris à l’âge de 18 ans pour faire ses études. Elle obtient une double licence en anglais et français langue étrangère (FLE), puis un master en science du langage. Elle effectue ensuite une mission d’un an aux États-Unis pour le consulat de France — elle promeut l’enseignement du français dans l’Ouest américain. Elle rentre en France, et réalise diverses expériences dans l’enseignement, puis change de cap en se tournant vers l’immobilier, mais ne s’y plaît pas :

« J’ai fini par faire un bilan de compétences, et je me suis demandé ce qui m’avait le plus intéressée tout au long de ma carrière. Je me suis aperçue que c’était le développement informatique auquel je m’étais essayée aux États-Unis. »

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Noémie, 33 ans, apprenante à Ada Tech School

Gulshan a 35 ans et est d’origine sud-africaine. Elle vit en France depuis 8 ans, durant lesquels elle a travaillé dans la communication au sein de start-ups, PME puis dans un groupe du CAC 40. Le déclic est arrivé lorsqu’elle est devenue mère pour la seconde fois :

« Je cherchais un changement de vie. Quand je suis devenue mère il y a trois ans, je voulais avoir plus de flexibilité, pour être disponible pour mes enfants. Je voulais surtout avoir une compétence dure, autrement dit une compétence technique. Dans le domaine de la communication, en étant anglophone, il n’y avait pas beaucoup d’opportunités. »

Flora, de son côté, a 30 ans et a connu un parcours particulier .

« J’ai un parcours d’artiste plasticienne et à côté j’avais un boulot alimentaire. L’an dernier, durant le confinement, j’ai eu un déclic : le seul moyen de rester connectée les uns aux autres passe par le virtuel. Je me suis dit qu’il y avait une place à occuper. Le monde tend de plus en plus vers le virtuel, et j’avais envie d’être actrice de cela. »

Toutes les trois n’avaient aucune appétence particulière pour l’informatique et ne se voyaient pas évoluer dans un univers geek. Comme quoi !

Ada Tech School, une école qui change le code

C’est ainsi que Noémie s’est retrouvée à Ada Tech School :

« J’ai lu qu’il y avait énormément de formations dans le développement Web, mais surtout des bootcamps de deux ou trois mois et je ne voulais pas de formation courte. Étant une ancienne enseignante, je me disais que trois mois pour apprendre le développement Web c’était trop court. Ada Tech School propose neuf mois de formation à temps plein.

Mais les deux principaux arguments pour moi sont que l’apprentissage est basé sur la pédagogie de l’école Montessori, learning by doing : apprendre en faisant. Pour apprendre le code, il ne suffit pas de lire de la documentation et de regarder des tutos, il faut le pratiquer.

Le second argument est qu’il y avait une seconde année en apprentissage, et pour moi c’était la meilleure méthode pour concrétiser les savoirs acquis pendant la première année, tout en restant à l’école. C’était vraiment complet comme formation.

Puis ce qui est ressorti des commentaires sur l’établissement, c’est aussi la bienveillance, et les valeurs qui m’ont tout de suite parlé. »

Chez Ada Tech School, il n’y a pas de cours magistraux : l’enseignement se fait à travers des projets d’environ deux semaines chacun qui permettent aux élèves d’être confrontées à des situations qu’elles pourraient rencontrer dans le monde professionnel. De plus, les apprenants étant majoritairement en reconversion, tout le monde se tutoie ! Il n’y a pas la notion encadrant-élève, le savoir est partagé de manière horizontale.

« On nous apprend à réapprendre les soft skills à mettre en pratique au quotidien en tant que développeuse : savoir faire de la recherche, être confrontée à un problème et trouver les réponses seules. Il n’y a pas de professeurs, il y a des encadrants et en tant qu’élèves nous sommes des apprenants.

Les encadrants ne donnent pas de cours, mais nous aident et nous soutiennent lorsque nous sommes en autonomie. Si nous avons un problème, il ne vont pas nous montrer directement d’où vient l’erreur, ils vont nous faire réfléchir, pour que nous nous en sortions seules. »

Flora, 30 ans
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Flora, 30 ans, apprenante à Ada Tech Scool

Pour candidater à la rentrée du 4 octobre 2021 à Ada Tech School

Une école accessible qui ne prend pas ses élèves pour des jambons

Vous vous demandez peut-être comment fonctionne le système d’évaluation basé sur la pédagogie de l’école Montessori, ou comment sont définis les critères de sélection à l’entrée ?

« Pour intégrer cette école il n’est pas nécessaire d’avoir des compétences techniques, on peut arriver avec le niveau qu’on a, et même sans baccalauréat. L’important c’est la psychologie. Les personnes recrutées ont généralement l’esprit d’équipe, tout le contraire de l’individualisme d’un établissement traditionnel.

Il n’y a pas de contrôle. Il y a des projets qui durent deux semaines en équipe, et à la fin on a une présentation globale. Ensuite nous faisons une rétrospective, pour savoir ce qui a marché et ce que l’on peut améliorer. C’est une auto-évaluation. C’est nous qui définissons, par rapport à un cahier des charges, ce qui a été réussi ou non. Nous apprenons à notre rythme.

Un système de badge définit notre niveau technique mais également nos soft skills en auto-évaluation. Au départ j’étais sceptique sur les bases, puis en me mettant à remplir ces auto-évaluations, je me suis aperçue que cela représentait une cartographie globale qui nous permettait d’observer où nous nous situons.

Les encadrants peuvent bien sûr y ajouter des commentaires : cela permet de revenir sur certaines bases si besoin et de centraliser, et de se rendre compte que l’on progresse beaucoup plus vite que ce qu’on peut imaginer. »

Flora, 30 ans

Une fois dans le monde professionnel, les élèves sont sereines et opérationnelles. Noémie nous raconte qu’elle a pu trouver une alternance plus facilement grâce à un partenariat de l’école, ce qui lui a évité une recherche fastidieuse, même si elle me précise que l’alternance n’est pas acquise dès l’entrée de l’école : quoi qu’il arrive, c’est à l’élève de faire la différence durant ces entretiens.

« Nous fonctionnons en projet de deux semaines, et dans les entreprises en général, nous fonctionnons sous le mode Agile. C’est une méthode qui fonctionne par sprint, il s’agit de deux semaines durant lesquelles il y a des objectifs à atteindre. Nous répondons aux problématiques des entreprises, d’autant plus que nous construisons nous-mêmes le produit, donc nous touchons au front-end, au back-end, à l’UX.

Même si ce n’était que neuf mois, c’était des mois intenses qui nous ont permis de faire le tour d’un site Internet. »

Noémie, 33 ans

Pour que tout le monde soit au même niveau d’information, il convient de définir certains termes énoncés par Noémie, auxquels Ada Tech School a consacré des articles sur son blog.

La développeuse front-end va être la personne en charge de créer des sites Web ou des applications mobiles et plus spécifiquement la partie visible pour l’utilisateur.

La développeuse back-end ajoute des fonctionnalités et d’améliore le code existant des pages d’un site Internet, dans le but d’augmenter les performances de la page.

Vous voilà à jour !

Quels sont les débouchés professionnels d’Ada Tech School ?

Les élèves interviewées m’expliquent que le codage doit être appréhendé comme une nouvelle langue : il n’en existe pas qu’une seule mais une multitude selon le produit ou le projet informatique. Le système de projet en deux semaines permet d’expérimenter nombre d’entre elles, ce qui permet aux élèves de déterminer en quelques mois pour quel langage elles ont le plus d’appétence et de savoir vers quelle branche de l’informatique s’orienter !

« Celui qui m’a le plus plu, c’est JavaScript et notamment le framework : c’est ce qui permet à une page Internet d’être interactive et de rendre les choses plus animées. Cela rejoignait ce que j’avais fait durant ma deuxième année de Master, mon sujet était “Comment garder la motivation d’un être humain pour la plateforme”. Donc l’UX est quelque chose qui m’a tout de suite attirée avant que je connaisse le mot (rires).

Aujourd’hui je suis bien contente d’avoir fait cette formation puisque j’ai vu un peu de tout, du langage, de l’expérience utilisateur et l’expérience produit, c’est très complet ! »

Noémie, 33 ans

Flora et Gulshan ne sont élèves à Ada Tech School que depuis trois mois et n’ont pas encore déterminé leurs préférences. Ce qui permet de souligner un autre aspect non négligeable pour les personnes cherchant à se reconvertir rapidement : il y a trois dates d’entrées possibles dans l’établissement, en janvier, en mai et en octobre !

Pour candidater à la rentrée du 4 octobre 2021 à Ada Tech School

Une école qui redonne confiance en soi et en son avenir professionnel

Chacune de mes interviewées est ravie de sa reconversion pour le moment. Lorsque je leur demande de me donner un argument pour convaincre une future étudiante qui hésiterait potentiellement à s’inscrire chez Ada Tech School, elles évoquent la bienveillance au sein de l’établissement qui revient à chaque fois, mais pas seulement :

« Ne réfléchis pas trop et fonce ! L’environnement est vraiment enrichissant. De plus, avec nos horaires en étant mère c’est totalement faisable. Après c’est une reconversion, donc évidemment à la fin de la journée je suis fatiguée, parce que j’apprends des choses que je n’ai jamais vues auparavant, mais c’est tellement gratifiant. »

Gulshan
Gulshan
Gulshan, 35 ans, apprenante à Ada Tech School

À l’écoute de ces retours dithyrambiques sur cette école et le codage, nous pouvons peut-être espérer que l’annonce faite par l’étude du cabinet Global Contact  s’avérera fausse, et que la parité homme-femmes au sein de la tech sera peut-être atteinte avant l’horizon 2041 !

Ada Tech School : infos pratiques
Vous envisagez une reconversion professionnelle pour devenir développeuse et vous vous demandez si vos finances vont pouvoir suivre une inscription dans une école privée comme Ada Tech School ?

Vous devrez débourser 8000€ pour la première année avec une possibilité d’aides régionales ou de Pôle Emploi, et la seconde année étant en alternance, elle est prise en charge en intégralité par l’entreprise qui vous accueillera.

Vous serez rémunérée durant votre alternance.

Si vous touchez des aides de la part de Pôle Emploi, n’ayez aucune inquiétude, vous pourrez continuer à les percevoir

À lire aussi : J’ai choisi d’être développeuse, un métier où il y a peu de femmes !

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Les Commentaires

6
Avatar de pliploup
6 septembre 2021 à 12h09
pliploup
@adita en effet merci pour l'info, je n'avais pas connaissance d'Ada Lovelace (shame on me), j'avoue que les personnes avec lesquelles j'ai discuté ne l'ont pas évoqué, et ce n'est pas souligné dans la description de l'école. Mais en tant que journaliste, j'aurais peut-être dû pousser les recherches plus loin uppyeyes:
Pas dans la description à proprement parler, mais par contre il y a bien un lien vers une page dédiée à Ada Lovelace en bas de page, dans Nos Valeurs
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Voir les 6 commentaires

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