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Règlement de comptes

Lucile, aide soignante, 3 100€ par mois à deux : « Je calcule tout, tout le temps »

Combien gagnez-vous par mois ? Comment dépensez-vous cet argent ? Qui paye quoi dans votre couple ? Voici quelques-unes des questions auxquelles nous nous attaquons dans notre rubrique Règlement de comptes !

Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Lucile qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.

  • Prénom : Lucile
  • Âge : 33 ans
  • Métier : Aide-soignante à domicile en CDI à temps partiel
  • Salaires mensuels : 1 000€ de revenu pour Lucile, et 2 100€ pour son mari, soit 3 100€ par mois
  • Famille : son mari, avec qui elle est en couple depuis 8 ans, une fille de 6 ans, et bientôt un deuxième enfant
  • Lieu de vie : une maison dont ils sont propriétaires, dans un village d’environ 2 000 habitants

Les revenus de Lucile et de son mari

Pour son métier d’aide-soignante à temps partiel, Lucile gagne un salaire de 1 000€ par mois. Quand on lui demande si elle s’estime bien payée, elle rit jaune :

« Quelle question ! Je suis aide-soignante à domicile, à temps partiel. Nous n’avons aucune prime, aucun avantage (à part une très très bonne ambiance au travail, et une bienveillance incroyable de la part de mes collègues et chefs).

Je n’ai pas choisi ce métier pour devenir riche, mais parce que j’aime ma profession : aider les autres, préserver leur autonomie, discuter avec eux… Je sais que quand je sors de chez eux les patients se sentent mieux, plus légers. »

Pour autant, Lucile aime son métier, et s’y sent bien, malgré les difficultés qu’il comporte.

« C’est un métier difficile mais je l’ai choisi ! Par contre, je ne pourrais pas faire ça toute ma vie : à 60 ans, je ne pourrai plus porter les patients comme je le fais aujourd’hui.

Psychologiquement, la profession est difficile. Côtoyer la mort toutes les semaines, faire avec les moyens du bord, être agressée sexuellement par des “messieurs” d’une autre génération qui n’ont aucune limite…

Et puis, le COVID a tout chamboulé. Pas de blouses de rechange, alors on se fait livrer des sacs poubelles ; pas de masques, alors les habitants du village nous cousaient des masques en tissu… Et puis pas de prime Ségur de la santé, parce qu’à domicile, on est moins visible que nos collègues des hôpitaux ou EHPAD.

Beaucoup ont démissionné. Moi, je ne le ferai pas, pas de suite en tout cas. J’ai beaucoup de chance d’avoir des chefs très humains et bienveillants. »

Son mari, quant à lui, travaille à temps complet en tant que technicien itinérant en CDI. Il gagne 2 100€ net par mois. Récemment, le couple a acheté une maison proche de la leur et destinée à la location ; elle leur rapporte 500€ de loyer par mois, ce qui couvre le remboursement du prêt qu’ils ont contracté pour l’acquérir.

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Revenus de Lucile et son mari

L’organisation financière du couple

Lucile et son mari sont mariés depuis un an, sous le régime de la communauté de biens réduite aux acquêts. Vivant sous le même toit depuis plusieurs années, ils partagent l’intégralité de leurs revenus sur un compte commun.

« Nos deux salaires arrivent sur ce compte, et toutes nos dépenses partent de là également : tout, de A à Z, est prélevé sur le compte commun.
Et pour se faire des cadeaux, il suffit de payer avec PayPal pour cacher le nom de la boutique en ligne, ou de payer en liquide en magasin !

Pour l’épargne, nous avons deux livrets A, un à mon nom, l’autre au sien que nous remplissons de manière équitable (ce qui nous permet également de ne pas dépasser le plafond des 22 950€ afin de ne pas payer d’impôts sur notre épargne). »

Pour eux, cette façon de faire a toujours été évidente : Lucile explique que le couple n’a aucun problème à discuter d’argent et à trouver des compromis quand c’est nécessaire.

Les dépenses de la famille

Les deux plus grosses dépenses de la famille sont liées à l’immobilier : Lucile et son mari remboursent 1 580€ de crédits pour deux maisons. Sur ces deux propriétés, l’une est destinée à la location et leur rapporte 500€ de loyer par mois, pour 480€ de crédit à rembourser. Ils en tirent donc 20€ de bénéfices mensuels — si l’on ne compte pas la taxe foncière, qui s’élève à 73€ par mois pour leur deux biens.

« Pour cette seconde maison destinée à la location, nous avons contracté un prêt sur dix ans. Elle fait 60m2, et est située dans le même village que la nôtre : nous souhaitons être disponible pour les locataires en cas de problème.

Pour moi, c’est avant tout une manière supplémentaire d’épargner. »

Leur résidence principale, quant à elle, leur coûte 1 100€ par mois. Ils en sont devenus propriétaires il y a cinq ans, avec un prêt sur 20 ans. Située dans une zone plutôt rurale, elle leur permet d’avoir de l’espace et un jardin.

« Notre maison fait 130m2, et tout était à refaire à l’intérieur comme à l’extérieur quand nous l’avons achetée. Mon mari a fait presque tous les travaux seul (électricité, plomberie, cloisons…). »

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Dépenses de Lucile et sa famille

Une alimentation locale, et beaucoup de troc

En plus des trois membres (bientôt quatre !) de leur famille, Lucile, son mari et sa fille vivent aussi avec des animaux : un chien, deux chats, mais aussi cinq lapins et une dizaine de poules, d’oies et de canards ! Elle explique :

« Les animaux sont là principalement pour notre plaisir, ils sont en liberté sur le terrain ! Cela permet d’espacer les tontes de la pelouse, et de diminuer nos déchets alimentaires. »

Ces animaux leurs coûtent environ 150€ par mois… Mais produisent aussi : leurs petits êtres volatiles de compagnie pondent des œufs, que la famille peut cuisiner ou troquer avec ses voisins !

« Nous avons a minima sept œufs de poules par jours. Pour les canes et les oies, c’est par période ! Nous échangeons nos œufs contre des paniers garnis de légumes que cultivent nos voisins — j’en fais des conserves ou les congèle pour l’hiver. Certaines personnes nous les achètent aussi : je dépose des boîtes d’œufs pleines devant la maison, et en rentrant du travail, je retrouve une boîte vide avec une pièce dedans ou des fruits, des légumes…

Ces œufs nous permettent de rembourser le prix du grain qu’on achète à la ferme, par sacs de 25kg ! »

Côté alimentation, Lucile et son conjoint dépensent donc environ 350€ par mois, pour des produits essentiellement locaux et achetés à des producteurs proches de chez eux.

« Nos légumes sont troqués, ou achetés dans des fermes avoisinantes. Même si nous ne mangeons pas de viande tous les jours, j’en achète en colis de 10kg à congeler dans des fermes autour de chez nous. Et pour la volaille, rien ne vaut les poulets de mes parents.

Nous avons des arbres fruitiers dans notre jardin, et nous échangeons nos prunes, pommes, poires et noix contre d’autres fruits du voisinage comme des fraises, du coing, ou des confitures… Nous sommes vraiment dans l’esprit village ! »

Un mode de vie qui plaît énormément à la famille, qui cultive son « goût de faire, de récupérer, et de manger sainement des produits locaux. »

Mes loisirs me rapportent autant qu’ils ne me coûtent

Les loisirs représentent environ 200€ par mois sur le budget de la famille. Cette somme est largement allégée par le comité d’entreprise du mari de Lucile, qui prend en charge une grande partie des activités extra-scolaires de leur fille, notamment son école de musique et son école de danse, ainsi qu’un abonnement à un magazine pour enfant.

Les chèques vacances auxquels sont mari a droit financent aussi une grande part de leurs loisirs :

« Nous allons au restaurant une fois par mois, au cinéma de temps à autre. Nous payons en chèques vacances. »

Quant au reste de leurs loisirs, Lucile et son mari aiment la créativité :

« Mon mari aime bricoler, il récupère les palettes, des chutes de bois, pour en faire des meubles ou autres — il a fabriqué une immense cabane pour notre fille et les habitats pour nos bêtes. Il s’achète des outils, qu’il loue quand il ne s’en sert pas. L’entretien des outils et du bois, la visserie lui coûtent environ 50€ par mois.

Quant à moi, mes loisirs sont les animaux, qui compensent ce qu’ils me coûtent, et la couture : je couds des articles “zéro déchet” (lingettes, essuie-tout…) ou articles pour enfants comme des snoods, que je vends sur les plateformes pour me rembourser le prix des tissus. »

Pour le reste des dépenses « plaisir » comme les jouets et les vêtements pour leur fille, Lucile achète beaucoup de choses en seconde main : les vêtements, les jouets, les livres… Cela équivaut à environ 40€ par mois, une somme souvent allégée par la revente de leurs propres objets sur Vinted, Marketplace ou Leboncoin.

Les frais de garde de leur enfant

Concernant les frais de garde, le couple dépense 65€ par mois pour la garderie le matin (1,70€ par heure après remboursement par le CE du mari de Lucile), et 20€ par mois en centre aéré le mercredi.

Elle est aussi souvent gardée par ses grands-parents, qui refusent d’être payés pour ce service mais que Lucile et son mari essayent de remercier par des invitations au restaurants, ou des cadeaux.

Les dépenses courantes de la famille

La cantine pour leur fille, entre midi et deux, leur coûte 56€ par mois. Lucile préfère se préparer sa nourriture à l’avance, et les repas de son mari sont pris en charge par son entreprise.

En plus de ces dépenses, ils paient aussi 60€ de frais de transports (des dépenses liées à leurs voitures — sans compter l’essence, prise en charge par leurs employeurs respectifs), et 57€ de frais d’assurances pour leur maison et leurs deux voitures.

Leurs factures courantes, pour 120€ par mois, incluent 12€ mensuels de facture d’eau, 350€ de chauffage pellet lissé à l’année, et 70€ d’électricité, que Lucile aimerait réduire sans trop savoir comment.

« J’aimerais économiser sur notre facture d’électricité, mais je ne vois pas comment. Avec les nouvelles hausses des tarifs, ce budget va augmenter… Nous nous renseignons actuellement sur la pose de panneaux solaires, mais ce sont des grosses sommes à engager et une rentabilité à long terme. »

Un rapport à l’argent économe, et des craquages pour les vacances

Lucile confie être très économe, et peu consommer :

« Je calcule tout, tout le temps. Ma première question avant un achat c’est toujours “est-ce que j’en ai vraiment besoin ?” : pas de place pour les achats compulsifs ici ! On réfléchit à l’utilisation, aux prix, aux promos, à la revente ou à la location éventuelle…

Nous fabriquons beaucoup nous-mêmes, mon mari a rénové la maison à lui tout seul, je cuisine maison presque exclusivement. J’ai été élevée comme ça, c’est naturel ! »

Son mari a tendance a dépenser un peu plus qu’elle, sans que cela ne pose de problème — comme l’explique Lucile, « C’est son argent à lui aussi ». Côté répartition des tâches, c’est le conjoint de Lucile qui s’occupe de la gestion des impôts, et la jeune femme qui gère le budget en lui-même. Ils font leurs comptes ensemble.

En dehors de ce quotidien peu dépensier, la famille aime se faire plaisir pour les vacances. Une fois par an, ils tiennent à faire de leurs semaines de repos des moments inoubliables, comme le décris Lucile :

« Nous choisissons toujours des logements haut de gamme, avec un confort optimal, des activités adaptées à chacun. Nous partons à Disneyland, ou parfois à l’étranger. Dans ces cas-là, c’est hôtel 5 étoiles, pas moins ! Nous payons les suppléments vue sur mer, ou villa indépendante par exemple.

Forcément, ces derniers temps, ces dépenses ont été fortement ralenties par le Covid. »

Les économies de la famille

Une fois faites toutes ces dépenses, le ménage réussi à économiser environ 500€ par mois, ce qui comprend des sommes difficiles à estimer pour Lucile : certaines primes ponctuelles, par exemple, obtenues en fonction de facteurs très variables, ou des recettes de ventes.

« C’est assez difficile à calculer. Nous mettons toutes les primes de côté (primes d’assiduité, prime de réussite, prime de dimanche et jour fériés, prime d’astreinte…), toutes les ventes faites via Vinted, Marketplace ou Leboncoin, l’argent reçu en cadeau de mariage par exemple…


Bref, toutes les entrées d’argent ponctuelles sont placées. Nos économies nous servaient jusqu’à présent à l’achat de matériaux pour rénover la maison : nous avons sorti 22 000€ de nos livrets A récemment pour refaire notre toiture par exemple.

Maintenant que le plus gros des rénovations est fait, nous allons économiser pour l’avenir de nos filles. D’ici quelques années, nous envisageons d’acheter une seconde maison à louer. »

Ils ont aussi ouvert des comptes pour leur fille : un livret première épargne plein, et un livret A, qui sera destiné à l’achat de sa première voiture.

Merci à Lucile d’avoir accepté de répondre à nos questions !

Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.

Crédit photo : Emma Bauso


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

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Avatar de milae
15 octobre 2021 à 14h10
milae
Merci pour cet article super détaillé mais du coup le titre est un peu trompeur : entre le revenu de la location, les aides du CE, les chèques vacances, les ventes des produits (œufs, couture, Vinted etc), les primes etc., les revenus totaux sont à plus de 3100€.
Car épargner 500€ par mois en ayant 1500€ de crédit immobilier sur un revenu de 3100€, avec vacances de luxe, frais pour leur fille, animaux, restau etc. ça me semble impossible sans ces revenus complémentaires.
Peut-être suite à des réactions sur de précédents articles, vous n’avez pas fait de graphique. Vu le détail ici, ça me semblerait carrément jouable de faire un beau camembert avec les entrées d’argent détaillées et un beau camembert avec les dépenses !
Merci en tout cas à la personne qui témoigne d’avoir donné autant de détails ! Ça me laisse songeuse sur certaines de nos dépenses, on devrait pouvoir dépenser moins mais je n’arrive pas à voir comment…
Effectivement ça devrait être pris en compte. Plus je lis ces articles (et plus je rentre dans la vie active) plus je me rend compte que le salaire est loin d'être la seule donnée pour évaluer la richesse et le pouvoir d'achat...
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Voir les 2 commentaires

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