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Magouilles pharmaceutiques, toxicomanie : Dopesick ou l’enfer d’une Amérique en pleine crise des opioïdes

Produite par Hulu, la nouvelle série de Disney+ explore la commercialisation d’OxyContin, un anti-douleur qui a largement contribué à une énorme crise sanitaire aux États-Unis. Un récit effarant dont on sort moins con mais plus anxieux.

On est nombreuses à gober des cachets comme on avale une salade de carottes râpées. Un Nurofen flash avec un verre d’eau contre des règles douloureuses, un Doliprane contre une gueule de bois particulièrement coriace, un Maalox contre les brûlures d’estomac post-Noël : beaucoup de médicaments font partie de notre quotidien.

Les consommer est une habitude.

Habitude que vous aurez, on n’émet aucun doute là-dessus, envie de questionner sitôt que vous aurez regardé Dopesick, le nouveau programme de Danny Strong (Empire) réalisé par Barry Levinson (Good Morning VietnamRain Man) pour Disney+.

Dopesick, le récit effarant d’une crise américaine

Produite par Hulu et diffusée sur Star, la chaine « adultes » de Disney+, Dopesick est une plongée terrifiante dans la commercialisation d’un produit qui a conduit à la fameuse crise des opioïdes aux États-Unis.

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Au début du 21è siècle, un médicament anti-douleur, l’OxyContin, se vend comme des petits pains.

Prescrit pour tout et n’importe quoi, du plus léger mal de crâne à une inflammation du genoux, ce cachet « miracle » — normalement destiné à des personnes qui souffrent de cancer phase terminale — est fortement commercialisé, et son usage terriblement banalisé.

Et pour cause, sa consommation repose sur un pourcentage fallacieux, servant d’argument de vente aux VRP du groupe Purdue qui martèlent tel un slogan :

« Moins d’1% des patients qui utilisent l’OxyContin souffrent d’addiction à ce médicament ».

Pourcentage bel et bien mensonger puisque des centaines de milliers d’Américains et d’Américaines se retrouvent vite accro à l’OxyContin, au point pour certains d’en consommer plus que de raison.

Ainsi, les États-Unis assistent à une terrible augmentation des overdoses, sous le regard indifférent d’une entreprise pharmaceutique qui s’en met plein les fouilles.

Cette entreprise justement — Dopesick a ceci de passionnant qu’elle donne à voir aussi bien les dessins des grands manitous de Purdue que de ses détracteurs — n’a qu’une idée en tête : dépasser le milliard de dollars de recettes, quitte à sacrifier ses patients.

Dopesick fait des bonds dans le temps

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Mini-série en 8 épisodes, Dopesick prend le temps d’étendre son intrigue via trois timelines différentes.

Dans la première, on suit le docteur Samuel Finnix qui travaille dans une ville minière et panse comme il peut les douleurs terribles qu’essuient les mineurs après des années de récoltes acharnées de charbon, dans les années 1990.

Le seul remède efficace et immédiat contre leurs maux ? Un cachet dont un VRP assure au docteur qu’il est sans risque de dépendance. Évidemment, c’est la descente aux enfers pour ce médecin qui se rend rapidement compte qu’il file du poison à ses amis et voisins, dont une jeune femme en particulier, qui sombre dans une sale toxicomanie.

Petit bond dans le temps ensuite pour atterrir dans les années 2000, où une agente de la lutte anti-drogues constate le fléau de l’OxyContin et les ravages qu’il a sur les personnes qui en consomment.

Enfin, on explore la guerre que se livrent le Département de la Justice et la société pharmaceutique Purdue, menée par l’odieuse famille Sackler.

Ces trois timelines s’entremêlent pour livrer, à plusieurs niveaux et via plusieurs points de vue, la descente aux enfers des Américains sous OxyContin.

Évidemment, l’alternance des arches finit par induire, comme c’est souvent le cas dans les séries « chorales », une certaine inégalité dans les séquences. Certaines sont captivantes, d’autres franchement en deçà.

Difficile donc de maintenir un intérêt constant devant Dopesick, d’autant plus que la série marche sur le fil tendu du manichéisme, préférant le sensationnalisme à la nuance.

Une nuance dont préfère ne pas s’embarrasser le programme, apparemment très soucieux de défendre sa cause — une cause tout à fait noble consistant, si l’on se fie à l’argument du show, à dénoncer les magouilles pharmaceutiques d’industries qui préfèrent le pognon à la santé publique.

Dopesick, le retour de Michael Keaton

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Il y a 8 ans encore, Michael Keaton était relégué au rang d’acteur de seconde zone, qui ne s’illustrait plus que dans des productions un peu ringardes, des séries populaires et quelques films d’animation, après avoir connu une gloire retentissante.

Mais depuis 2014, qui a signé son retour en force dans le cinéma grâce au MERVEILLEUX Birdman — dont la thématique était justement l’obsolescence programmée des acteurs et surtout celle de Michael Keaton, dans une mise en abime de son rôle de Batman — l’acteur a de nouveau le vent en poupe.

Spotlight, Les 7 de Chicago, Le fondateur, À quel prix : Michael Keaton enchaine les rôles précieux et remarqués, qui rendent hommage à ses talents véritables.

Dans Dopesick, Keaton joue pour le camp des victimes, non des bourreaux, et donne la réplique aux non moins excellents Rosario Dawson, Kaitlyn Dever, Will Poulter et Peter Sarsgaard, tous en lice pour pour récolter le prix de la série la plus édifiante du mois.

Si la réalisation de Dopesick ne casse franchement pas 3 pattes à un canard et joue la carte du classique, ça n’est pas spécialement grave. En effet, l’intérêt du programme de Disney+ réside essentiellement dans le récit effrayant qu’elle fait des stratégies marketing de l’entreprise pharmaceutique — laquelle, non contente d’empoisonner des millions d’Américains, réfléchit aux moyens de créer de nouveaux besoins auxquels ne pourrait répondre que l’OxyContin !

Bref, Dopesick a beau avoir chaussé ses gros souliers et opposer les méchants et les gentils, elle a ceci de louable qu’elle tape sans rechigner sur l’une des plus sales affaires sanitaires de l’Amérique contemporaine.

Vous pouvez voir dès aujourd’hui Dopesick sur Disney+

À lire aussi : C’est Noël avant l’heure : Disney+ est à moins de 2€, voilà comment en bénéficier


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