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Vous ne pouvez plus travailler à cause de votre handicap ? Élisabeth Borne vous enjoint à « reprendre une activité professionnelle »

Invitée le 7 juin 2022 au micro de France Bleu pour répondre aux questions des auditeurs, la Première ministre Élisabeth Borne a eu un échange avec une auditrice handicapée, révélateur de validisme.

Ces derniers jours, une séquence médiatique monopolise l’actualité politique. Une seule interrogation reste en suspens : face à une femme handicapée, Élisabeth Borne, en manquant d’empathie, a t-elle dépassé… Les bornes ?

Élisabeth Borne conseille à une femme en fauteuil roulant de « reprendre une activité professionnelle »

Le 7 juin 2022, plusieurs auditeurs de France Bleu étaient conviés à poser des questions à la Première ministre, Élisabeth Borne. Parmi eux, il y avait Dolorès, qui appelait « pour savoir si l’État comptait faire quelque chose pour les personnes qui sont handicapées. » Courageusement et avec beaucoup d’émotion dans la voix, elle a précisé sa situation personnelle :

« Malheureusement, j’ai eu un très grave accident. Je me retrouve en fauteuil, je ne peux plus travailler. J’ai fait la demande d’AAH [Allocation aux adultes handicapés, NDLR] et, dans la mesure où mon époux touche 1 810 € par mois, malgré notre loyer de 1 000 € sur Nice, on me dit que je n’ai droit à rien parce qu’on dépasse les plafonds. »

Si Élisabeth Borne a déclaré « entendre » l’émotion de l’auditrice, elle recommande à l’auditrice de « reprendre une activité professionnelle. » En larmes et sans parvenir à finir sa phrase, Dolorès a rétorqué : « J’adore quand Madame le Premier ministre dit de reprendre une vie professionnelle… »

Sans se laisser aller à un soupçon d’empathie, l’ancienne ministre du Travail a continué à défendre son point de vue :

« Je pense qu’il ne faut pas considérer que les employeurs doivent fermer la porte à des personnes en fauteuil roulant, mais peut-être que ce n’est pas le moment de parler de cette hypothèse. »

La déconjugalisation de l’allocation adultes handicapés en discussion au sein du gouvernement

C’était une des promesses électorales du président sortant Emmanuel Macron : déconjugaliser l’Allocation adulte handicapé (AAH). Sans surprise, Élisabeth Borne a suivi cette ligne de conduite, au micro de France Bleu, en expliquant que cet impact du conjoint sur l’AAH est actuellement en discussion dans les rangs du gouvernement.

Le 15 avril dernier, le Président déclarait sur France Info, que la prise en compte des revenus du conjoint de la personne handicapée dans le calcul des droits à l’AAH « crée une situation aberrante pour les personnes en situation de handicap ». Il assurait ensuite que le gouvernement aller « bouger » sur cette question-là, sans pour autant détailler la moindre mesure.

Rappelons qu’en octobre 2021, une proposition de loi pour l’individualisation de l’AAH avait été rejetée par l’Assemblée nationale, la majorité LREM s’étant prononcée contre. Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, avait justifié cette décision avec les propos suivants, comme le rappelle Ouest France :

« Nous assumons le fait de donner plus à ceux qui en ont vraiment besoin. »

À la place, le gouvernement avait instauré un abattement forfaitaire de 5 000 euros sur les revenus du conjoint – autrement dit un montant fixe sur lequel on ne paie pas d’impôt – soit un gain moyen mensuel de 110-120 euros pour les 140 000 couples concernés dans l’hexagone. Une mesure jugée insuffisante par les associations qui est toutefois entrée en vigueur depuis le mois de janvier dernier.

Les handicapés, éternels oubliés de nos sociétés ?

Rapidement, cet échange radiophonique entre Dolores et Élisabeth Borne est devenu virale sur la toile. Et les réactions politiques se sont invitées au rendez-vous. Jean-Luc Mélenchon a dénoncé sur son compte Twitter une Première ministre qui « humilie une femme en fauteuil ». Le premier secrétaire du parti Olivier Faure a quant à lui commenté que « c’est l’histoire d’une rencontre avec un bloc de glace ». Et Marine Le Pen s’est empressée de caractériser de « glaciale » la réaction d’Élisabeth Borne.

Elisabeth Borne veut que vous travailliez coûte que coûte
Capture d’écran Twitter.

Mais finalement, ne nous éloigne-t-on pas du sujet initial, qu’est validisme ? Des difficultés quotidiennes, qui ne sont pas uniquement financières, des personnes handicapées mais aussi de la discrimination continuelle qu’elles subissent sans fin, éternelles oubliées de nos sociétés ?

À lire aussi : « Un homme handicapé en position de violeur ? Ça semble inconcevable, et pourtant… »

Image en Une : © Capture d’écran France Bleu – Twitter


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Les Commentaires

15
Avatar de Missty0910
12 juin 2022 à 15h06
Missty0910
Je trouve que c'est inadmissible de répondre ce genre de choses. Je suis handicapé des deux épaules mais comme c'est un handicape invisible au premier coup d'œil j'ai tout le temps affaire à des remarques ou des commentaires méchants. Quand je rencontre de nouvelles personnes forcément on me demande ce que je fais comme travail et quand la personne découvre que je ne travaille pas et que je n'ai pas d'enfants c'est tout de suite des commentaires déplacés et méchant.
Sauf que voilà j'ai un taux d'invalidité reconnue entre 80 et 100% et une inaptitude de travail. Quand on doit demander à son chéri pour se laver la tête, qu'on peut pas levé les bras, demander de l'aide pour s'habiller et se déshabiller, qu'on peut se faire mal juste en buvant un verre d'eau et plein d'autres choses dans le genre je peux dire que tous les gestes de la vie sont difficiles.
C'est difficile de devoir toujours demander à son conjoint pour acheter quelque chose car on dépend de ses revenus pour touchés une allocation qui est vraiment pas énorme. L'angoisse de se dire que si on se sépare on aura pas assez d'argent pour vivre car les calculs sont rétroactif, pendant 1an même si on est séparé les calculs sont fait sur ces revenus à lui. Personnellement ont a un peu moins de 2000€ par mois pour nous deux, je ne suis pas à taux plein car mon conjoint à un salaire de 1350€.
Je ne suis pas là pour pleuré mais il faut vraiment arrêté de juger une personne sans la connaître et surtout sans savoir de quoi elle souffre. Même si on est debout et qu'on a pas d'appareillage on peut avoir un réel problème et souffrir même si on le voit pas.
Pour ma part c'est vrai qu'on voit pas la douzaines de vis et la plaque posé sur chaque épaule et si j'ai des manches on voit pas les nombreuses cicatrices mais c'est bien là avec tous les problèmes et les douleurs H24 que ça engendre au quotidien. Si je pouvais bien sûr que je ne resterais pas chez moi à me demander comment la journée va se passer, si j'aurais pas trop mal pour préparer le repas ou juste combien de fois je vais devoir prendre des médicaments ou si j'ai des soins à faire.
Tant qu'on ne souffre pas réellement d'un quelconque problème on n'imagine pas qu'une personne puisse souffrir juste en buvant un verre d'eau. Je le souhaite à personne et mon cas n'est pas le pire loin de là. Mais il faudrait juste qu'elle se mette à la place des gens pour imaginer ce que ça représente de devoir demander à son conjoint d'acheter une boîte de tampons car on a pas les moyens de se les achetés soit même car on a dû payer des soins non remboursé.
J'espère ne pas vous avoirs déranger avec mon message mais quand je vois ça je ne peux pas rester sans réagir. Je n'attends rien de ce message, juste de faire réfléchir et se demander si c'est vraiment normal de devoir dépendre (financièrement) toute sa vie de la personne qu'on aime quand on dépend déjà beaucoup sur le plan physique.
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