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« Je me sens bien dans l’eau, j’ai l’impression de dormir entre chaque contraction » : Lucille raconte son accouchement

Lucille rêvait de donner naissance à son enfant à domicile. Même si ce n’a pas été possible, son accouchement s’est déroulé aussi bien que ce qu’elle pouvait espérer. Récit de ce moment si particulier.
  • Prénom : Lucille
  • Âge au moment de l’accouchement : 29 ans
  • Bébé attendu le : 6 avril
  • Bébé arrivé le : 15 avril
  • Heure d’arrivée à l’hôpital : 4h30
  • Heure d’accouchement : 6h21
  • Stats : 3,070 kilos pour 48 centimètres

Une grossesse sans nuages

C’est après neuf mois d’essai que nous avons réussi, mon compagnon et moi, à concevoir un petit bout. La grossesse s’est passée à merveille, et je n’ai eu ni de nausées ni de problèmes particuliers à déclarer, hormis quelques aigreurs d’estomac et des insomnies sur la fin.

Au début de la grossesse, nous décidons d’opter pour un accouchement à domicile. En Belgique, c’est beaucoup plus courant qu’en France. Nous en parlons donc à mon gynécologue vers le quatrième mois et celui-ci nous déconseille fortement cette option. Il va même jusqu’à sous-entendre qu’un accouchement à la maison aura très certainement des conséquences graves sur la santé mentale de notre enfant.

Face à sa réaction, nous prenons la décision d’arrêter entièrement le suivi avec ce gynécologue, et nous tournons vers un groupe de sages-femmes qui pratiquent l’accouchement à domicile et qui pourront respecter nos choix.

Un projet d’accouchement à domicile

Dès notre premier rendez-vous, celles-ci nous accueillent très chaleureusement et parlent avec nous de notre projet d’accouchement à domicile. Elles nous listent toutes les conditions que nous devons remplir pour que ce projet soit réalisable et à priori, à part la hauteur de notre appartement (nous habitons au 7ème étage), ce projet pourrait être possible.

Le suivi avec les sages-femmes se passe à merveille. Nous alternons des ateliers médicaux, pratiques (portage, soins aux bébés, etc), et elles mettent toujours à l’honneur le suivi psychologique également. Elles prennent le temps de nous expliquer un maximum de choses et veulent s’assurer que quelles que soient les décisions prises le jour de l’accouchement, celles-ci soient prises en toute connaissance de cause.

Ma grossesse dépasse son terme

La grossesse continue, on dépasse la date prévue et on finit par planifier la date de déclenchement, le 19 avril. La décision est prise de ne pas accoucher à la maison, l’escalier est trop étroit en cas de besoin de m’évacuer. J’opte donc pour un accouchement dans la salle nature, à l’hôpital.

Le 14 avril, nous regardons un match de football avec mon compagnon et Liverpool perd. Mon compagnon, fan de ce club, n’est pas très content et nous nous couchons un peu tard.

À 1h11 du matin, je ressens une contraction. Je me rendors et à 1h16, je suis réveillée par une deuxième. Je décide de me lever et de m’isoler pour ne pas réveiller mon compagnon au cas où ce soit une fausse alarme. Je commence à chronométrer mes contractions et je me rends compte après 20 min qu’elles durent 30 secondes et sont espacées de 2 minutes. Je réveille mon compagnon, et vais prendre une douche pour essayer de calmer les contractions dans le cas où ce serait un faux travail. Mais après 10 minutes de douche et 5 contractions, force est de constater que le travail a bel et bien commencé.

On appelle la sage-femme de garde, celle-ci est déjà à un accouchement et nous rassure. Pour un premier enfant, le travail risque de prendre du temps. Nous pouvons encore attendre un peu avant d’appeler la seconde sage-femme de garde.

Le travail commence

Vers 4 heures, je sens que le travail a bien évolué donc on appelle la deuxième sage-femme de garde. Les douleurs sont de plus en plus intenses.

J’essaie de trouver des positions me permettant de gérer la douleur, et pour le moment, seule la position accroupie fonctionne. Dès que la sage-femme apprend que j’ai des contractions toutes les deux minutes depuis environ deux heures et demi, elle nous donne rendez-vous à l’hôpital. Pendant l’appel, je perds les eaux. La route semble interminable et tous les feux rallongent le trajet en passant au rouge.

Arrivés à l’hôpital, nous attendons un peu avant d’être enregistrés alors qu’il n’y a personne dans la salle d’attente. Je commence à me sentir mal car mes contractions sont de plus en plus rapprochées.

On me conduit en salle Nature. Là, on remplit la baignoire et je m’y précipite. Je me sens extrêmement bien dans l’eau. Ma sage-femme arrive à l’hôpital. Elle m’examine, je suis déjà dilatée à 7 centimètres.

Les sages-femmes m’avaient dit de profiter de chaque moment entre les contractions pour me reposer, et je me sens tellement bien dans l’eau que j’ai l’impression de dormir entre chaque contraction. J’essaie de ne pas les voir comme des pics de douleur, mais plutôt comme une vague intense de sensations qui va m’aider à accueillir mon petit loup.

« J’ai perdu toute notion du temps »

J’essaie également de me concentrer sur ma respiration, de ne pas aspirer l’air de manière saccadée, mais plutôt de suivre un rythme lent et calme de respiration en formant la lettre O que me conseille la sage-femme. Dans mon esprit, mieux je pousse, au plus vite l’accouchement se déroulera. J’ai les yeux fermés, je suis en pleine conscience, à l’écoute de mon corps et je ne perçois pas grand-chose de ce qui m’entoure.

Mon compagnon a la lourde tâche d’essayer d’éviter que je me noie entre deux contractions. La sage-femme nous propose plusieurs positions différentes pour accélérer le travail.

J’ai perdu toute notion du temps, mais je commence à sentir comme un ballon entre mes cuisses. La sage-femme trouve que c’est un peu rapide, mais m’examine quand même. En effet, la tête est déjà là, je peux la toucher. Quelques instants plus tard, je ressens ce qu’on appelle le cercle de feu. Et une poussée plus tard, mon petit loup est dehors.

Quelques instants plus tard, installée sur un lit, toujours dans la salle nature, la sage-femme me redemande de pousser et le placenta sort sans que je ne sente quoi que ce soit.

Cet accouchement a été tellement intense, mais également tellement serein et en pleine conscience que c’est ce que j’aurais pu imaginer de mieux.

lucille raconte son accouchement
Tim Bish / Unsplash

Un suivi par les sages-femmes, hors de l’hôpital

Après l’accouchement, nous avons été transférés dans une chambre. Durant toute la première journée, il y a eu un va-et-vient de sages-femmes, gynécologue, infirmière, étudiantes sages-femmes, pédiatre, etc. J’ai l’impression que dès que je ferme les yeux, quelqu’un frappe à la porte. J’ai beaucoup de mal à me reposer, mais je ne me sens pas si fatiguée que ça : mon compagnon a l’air plus fatigué que moi. Nous demandons à sortir dès le lendemain.

L’hôpital accepte, notamment parce qu’ils savent que le groupe de sages-femmes qui nous suit viendra nous voir régulièrement. En effet, durant 5 jours, elles vont passer chez nous, et vérifier que tout se passe bien tant pour le bébé que pour moi, et ce au niveau physique et psychologique.

L’accompagnement par ce groupe de sage-femmes a été plus que merveilleux, tant avant qu’après l’accouchement. Elles étaient présentes pour toutes nos questions et c’est une expérience que je recommande à tout le monde.

Crédit photo : Rebekah vos Goab / Unsplash


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Les Commentaires

4
Avatar de Weena88
2 juillet 2022 à 10h07
Weena88
@CCCC C'est aussi très sage-femme dépendant unno:
Pour mon troisième, je pensais ne pas pouvoir y aller après la rupture de la poche des eaux et en fait si aillettes: (mais j'étais avec une super sage-femme) alors que j'ai dû me battre pour l'avoir pour mon quatrième (qui était mal positionné, donc ça n'a pas eu l'effet apaisant escompté ) alors que la poche n'était pas rompue
Bref, faut être prêt à imposé un peu ses choix en salle nature
2
Voir les 4 commentaires

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